Réunion annuelle de la CERNA 2017

La CERNA est la Conférence des Évêques de la Région d’Afrique du Nord. Elle regroupe les évêques de Libye, Tunisie, Algérie et Maroc. Elle vient de terminer sa réunion annuelle au Sénégal. Cela faisait suite à une retraite spirituelle de ces mêmes évêques au monastère de Keur Moussa, qui se trouve non loin de Dakar, dans le diocèse de Thiès. Pourquoi se réunir au Sénégal ? C’est que les catholiques des diocèses d’Afrique du Nord sont de plus en plus des Africains sub-sahariens : étudiants, migrants, travailleurs, anciens étudiants restés sur place, personnes tentant leur chance pour l’Europe sans succès et vivant parfois plusieurs années en Afrique du Nord…

Déclaration finale

La Conférence Épiscopale de la Région Nord de l’Afrique (CERNA) a tenu son assemblée annuelle du 2 au 5 février 2017 au Sénégal.

Carte CERNALa rencontre était conduite par le Président de la Conférence Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine et Hippone (Algérie) et tout récemment nommé archevêque d’Alger où il sera installé le 10 février. Elle a rassemblé les évêques et vicaires généraux d’Algérie, de Tunisie et du Maroc, et le préfet apostolique de Laayoune-Sahara. Le vicaire apostolique coadjuteur de Tripoli, Mgr George Bugeja n’avait pu se rendre présent du fait de la situation difficile de son pays. L’évêque de Mazara del Vallo (Sicile – Italie) Mgr Domenico Mogavero a participé à ses travaux.

La rencontre était précédée d’un temps de retraite spirituelle de cinq jours très appréciée, animée par le cardinal Théodore-Adrien Sarr, archevêque émérite de Dakar, au monastère de Keur Moussa dans le diocèse de Thiès.

Au début et à l’issue de leur séjour, les membres de la CERNA ont vécu plusieurs visites et rencontres qui leur ont permis de mieux connaître l’histoire, la vie et le charisme du peuple sénégalais et de son Église. Ils ont visité particulièrement les diocèses de Dakar et de Thiès où ils ont été accueillis par Mgr André Gueye, évêque de Thiès et par Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar. Ils ont eu l’honneur d’être reçus par Son Excellence le Président de la République du Sénégal Monsieur Macky Sall accompagné du Premier Ministre et du Secrétaire Général de la Présidence.

La CERNA exprime sa profonde gratitude envers tous ceux qui lui ont permis de vivre un séjour aussi riche.

Au moment où nous nous séparons, nous apprenons la démission de Mgr Giovanni Martinelli au jour de ses 75 ans et la nomination de Mgr Bugeja comme vicaire apostolique de Tripoli.

La prochaine Assemblée de la CERNA se tiendra du 19 au 22 novembre 2017 à Tunis.

Les évêques de la CERNA avec les moines de Keur Moussa

Les évêques de la CERNA avec les moines de Keur Moussa

Notre Conférence avait écrit il y a deux ans une Lettre pastorale intitulée Serviteurs de l’espérance, L’Église catholique au Maghreb aujourd’hui (1er décembre 2014) qu’elle avait présentée au Saint-Père et à ses collaborateurs lors de la visite ad limina de mars 2015. L’année dernière, en mars 2016 à Tanger, elle avait spécialement travaillé sur la dimension africaine de nos Églises. Cette année 2017, il nous a été donné de connaître un peu mieux l’un des pays du sud du Sahara, dont proviennent nombre de nos fidèles.

Parmi les visites que nous avons effectuées, notre déplacement sur l’île de Gorée nous a profondément marqués. Il nous a été rappelé que, par cette côte atlantique, ont été déportés en direction des Amériques, par les peuples d’Europe, près de vingt millions d’Africains; chiffre qu’il faut peut-être multiplier par 5 ou 6 pour prendre en compte le nombre total de victimes de la traite transatlantique. Cela nous renvoie à un autre drame humain en cours aujourd’hui, celui de la migration vers l’Europe. Nous sommes, en Afrique du nord, au cœur de l’espace où se vit le drame de la vie ou de la mort de très nombreux migrants. Ceux-ci ne sont pas d’abord un enjeu politique, mais des personnes. Nos communautés chrétiennes font de l’accueil de ces personnes une priorité au nom de l’Évangile, avec ceux qui veulent prier avec nous, accompagnant et soutenant en priorité les malades, les femmes seules ou avec des enfants en bas-âge, les mineurs non-accompagnés, ceux qui sont en prison et n’ont personne pour les visiter. Nous soulignons l’immense besoin des migrants d’être écoutés. Nous sommes particulièrement interpellés par la solitude et l’épreuve intérieures que vivent beaucoup d’entre eux. Nous remercions nos Caritas et organisations diocésaines, nos paroisses et communautés, et toutes les personnes, quelles que soient leur nationalité et leur confession, qui s’engagent face à ce qui constitue un des drames majeurs de notre siècle débutant. Nous avons confiance que la conscience des peuples et en premier lieu des communautés ecclésiales saura évoluer et soutenir les dirigeants dans la recherche de voies plus dignes et justes.

Durant notre temps de retraite spirituelle et d’assemblée, nous avons été accueillis très fraternellement par la communauté bénédictine de Keur Moussa dont nous avons partagé quotidiennement la prière. Son dynamisme, à l’image de la vitalité spirituelle et vocationnelle du continent, nous a notamment renvoyés au soutien qu’apportent à nos Églises volontaires laïcs, prêtres Fidei Donum, religieux et religieuses d’Afrique sub-saharienne. Ils ont souvent pris, avec d’autres originaires du monde entier, le relais d’Européens aujourd’hui moins nombreux. Nous avons besoin que d’autres encore nous rejoignent, autant pour accompagner étudiants ou migrants subsahariens très présents dans nos communautés chrétiennes que pour partager ce que nous vivons avec les peuples maghrébins musulmans. Nous avons voulu réfléchir aux moyens que nous mettons en œuvre pour aider tous les prêtres, religieuses et religieux qui nous rejoignent à s’y préparer, et mieux les accompagner notamment les premières années, pour qu’ils puissent vivre avec goût, joie et fruit le ministère presbytéral ou la vie religieuse dans des pays et Eglises bien différents de leurs contextes d’origine, en s’y inscrivant dans la durée.

CERNA février 2017

CERNA février 2017

La rencontre avec les musulmans est un enjeu pour toute l’Afrique et au-delà. Nous avons été témoins, ici au Sénégal, d’une convivialité islamo-chrétienne jusqu’à l’intérieur des familles. Nous avons eu l’occasion de rendre visite aux responsables d’une confrérie soufie qui puise ses racines dans nos pays du Maghreb, et été témoins de la proximité de ses responsables avec l’évêque et l’Église locale.

Nos peuples connaissent à des degrés divers des moments difficiles et nos Églises aussi : la violence parle encore ici ou là, les perspectives politiques et économiques sont parfois incertaines, des blocages et restrictions peuvent fragiliser des personnes et communautés. Nous essayons de regarder ces difficultés avec lucidité et de les affronter avec courage. Mais elles ne peuvent obscurcir notre horizon. Nous gardons les yeux tournés vers Jésus-Christ, Maître du temps et de l’histoire, attentifs aux signes de cette Espérance dont nous demeurons les serviteurs. Le rayonnement évangélique ne se mesure pas au poids numérique mais à la qualité d’un engagement dans la société. Nous croyons que c’est une grâce qui nous est donnée d’être des Églises modestes. Le service, en particulier auprès des plus faibles, contribue à la marche des peuples vers plus de justice et de paix.

 

Mgr Paul Desfarges, président de la CERNA
et les évêques et vicaires généraux
de la Conférence épiscopale de la Région Nord de l’Afrique
le 5 février 2017

 

 

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