De nouvelles lignes d’action pour le CELAM

Le Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) s’est réuni en Assemblée générale ordinaire à Tegucigalpa (Honduras) du 13 au 18 mai 2019.

Celam_2019. Les nouvelles instances dirigeantes du CELAM

Les nouvelles instances dirigeantes du CELAM

Créé en 1955, le CELAM, dont le siège se trouve à Bogota (Colombie), a pour mission de servir les 22 Conférences épiscopales d’Amérique latine-Caraïbes par la communion, la réflexion, la formation et la recherche. Cette Assemblée générale, la 37e, rassemblait les présidents des Conférences épiscopales, un délégué de chacun des épiscopats, la présidence du CELAM, les présidents des départements et les responsables des centres pastoraux. Le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les Évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, représentait le Saint-Siège à cette Assemblée, devant laquelle il a parlé de la synodalité dans l’Église. Affirmant que : « Le chemin de la synodalité est celui que Dieu attend de l’Église du 3e millénaire », le cardinal a invité les évêques à « transformer l’activité pastorale en clé synodale », une synodalité qui s’exerce avec les femmes, impliquant une révision de la condition féminine, le dépassement du machisme, le combat contre les violences subies par les femmes, « l’exploitation et la pauvreté qui s’ajoutent aux abus et à l’abandon ». Il s’agit selon lui d’une priorité, une conversion culturelle dont dépendra la vitalité d’une Église synodale en Amérique latine et qui suppose une véritable promotion de la femme sur le continent.

Quels sont les sujets qui préoccupent l’Église en Amérique latine-Caraïbes, et qui vont déterminer les éléments de son action pastorale? Des phénomènes comme la migration, la corruption, la pauvreté, la dévastation écologique, la marginalisation et les inégalités sociales, la violence, la désintégration familiale, sont évoqués durant les travaux et seront repris dans les lignes d’action et dans le message final.

Message final du CELAM

Message final du CELAM en espagnol

Cette assemblée avait plusieurs objectifs : évaluer le plan global 2015-2019 qui arrivait à son terme, planifier les principales lignes d’action pour les 4 années à venir, élire une nouvelle Présidence. Elle a également accueilli la Bible de l’Église en Amérique (BIA), un projet lancé en 2002 et financé par les évêques des États-Unis, pris en charge par le CELAM. Il s’agit d’une traduction « réalisée par un groupe de biblistes latino-américains, une traduction soignée réalisée par et pour des hispanophones »

Les mandats étant arrivés à échéance, l’assemblée a élu comme président Mgr Miguel Cabrejos Vidarte, archevêque de Trujillo au Pérou, connu pour ses prises de position courageuses et pour sa médiation dans la crise ayant opposé il y a quelques années l’Université pontificale catholique du Pérou et le cardinal Cipriani, alors archevêque de Lima. Les deux vice-présidents sont le cardinal Odilo Scherer, archevêque de São Paulo au Brésil, et le cardinal Leopoldo José Brenes, archevêque de Managua au Nicaragua. Le nouveau secrétaire général est Mgr Juan Carlos Cárdenas Toro, évêque auxiliaire de Cali en Colombie. De plus, l’Assemblée n’a pas nommé de nouveaux présidents pour les écoles et départements du CELAM, mais un groupe de huit évêques représentant les différentes régions d’Amérique latine et des Caraïbes pour en entreprendre la restructuration.

une vision large et universelle de la mission de l’Église

Quelques lignes générales ont été décidées :
« Le CELAM doit constamment se demander, et plus encore en cette heure, ce que Dieu attend de cette Institution en ce moment de l’histoire.
– Nous devons entrer dans le courant de conversion pastorale que nous propose Aparecida et sur lequel le Pape François a insisté. Le CELAM doit encourager et avancer sur le chemin de la conversion pastorale.
– Le CELAM a besoin d’une nouvelle Pentecôte, irruption de l’Esprit Saint, pour annoncer le Christ aujourd’hui, avec plus de courage, d’audace, d’initiative, sous toutes les latitudes d’Amérique latine et des Caraïbes,
– Il est nécessaire de construire un Plan Global plus réaliste, plus conforme à l’esprit évangélique, qui ait plus d’impact et qui corresponde à l’être et à la mission du CELAM.
– Il est nécessaire de définir les actions significatives qui pourraient être menées par le CELAM, plus dans le style des services. »

Et à partir de ces lignes générales, des défis ont été identifiés, d’abord au plan de la structure du CELAM lui-même, pour qu’il soit davantage au service et à l’écoute des Conférences épiscopales, avec « des structures plus légères, plus participatives, moins bureaucratiques et moins cléricales » ; et avec trois priorités :   formation des agents et des responsables, prêtres et laïcs ; discernement permanent de la réalité ; élaboration des aides pastorales et accompagnement des plans de travail des Conférences épiscopales.

Les défis au plan ecclésial ensuite, avec un travail qui s’appuie sur « une vision large et universelle de la mission de l’Église » et le choix prioritaire de « synodalité, animation de communion, dialogue avec le monde, formation chrétienne des responsables, service des pauvres ». Il s’agit d’encourager un nouveau courant évangélisateur qui mette « les pauvres, les femmes et les jeunes au premier plan ». Une insistance également sur les questions d’abus sur mineurs, avec le souhait « d’initiatives communes de prévention » et de partage de ce que fait chaque Conférence. Enfin, l’Assemblée pointe la nécessité d’aborder les caractéristiques du phénomène religieux en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Les défis au plan sociopolitique enfin, dont le premier est la formation des leaders sociaux à partir de la Doctrine sociale de l’Église, avec une attention particulière à l’affaiblissement des démocraties. L’Assemblée se prononce aussi sur la nécessité d’actions pastorales sur les problèmes communs à toute l’Amérique latine-Caraïbes, sur le besoin de coordination dans l’accueil des migrants, l’action auprès des familles, l’urgence de l’écologie intégrale, et sur un travail pastoral qui tienne compte de toutes les implications de la nouvelle intelligence artificielle.

Finalement, cette 37e Assemblée ordinaire évoque la possibilité de tenir une 6e Conférence générale des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes[1], pour
– Faire face aux nouveaux défis qui apparaissent sur le continent
– Être une voix prophétique au milieu de tant de situations problématiques
– Renforcer l’unité de l’Église d’Amérique latine et des Caraïbes
– Raviver la tâche de l’évangélisation

 

Annie Josse
SNMUE – Mai 2019

[1] Après Rio en 1955, Medellín en 1968, Puebla en 1979, Santo Domingo en 1992 et Aparecida en 2007.

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