Les évêques du Venezuela : porter à Rome la voix des plus pauvres

En septembre 2018, la Conférence épiscopale vénézuélienne sera au Vatican en visite Ad Limina. Elle publie une Lettre pastorale pour expliquer au peuple le sens et les enjeux de cette visite.

Marche de protestation au Venezuela

Les évêques entendent avoir avec le pape François un « dialogue fraternel sur la vie de l’Église et la situation du pays ». Le Venezuela est frappé par une crise qui, outre la pénurie alimentaire et de médicaments, a poussé à l’exil des centaines de milliers de personnes, réfugiées dans les pays voisins : Colombie, Pérou, Mexique, Équateur, Panama, ou plus lointains : Chili, Argentine, Brésil, États-Unis et Espagne.

Les évêques veulent porter jusqu’à Rome « les préoccupations, les angoisses, les graves problèmes, les grandes espérances et les grandes joies de notre peuple ». Ils expliquent que, s’ils écrivent cette Lettre pastorale, c’est parce que la visite Ad Limina ne concerne pas que leurs personnes, mais aussi les communautés chrétiennes qu’ils représentent, et indiquent le programme de ces journées.

Par ailleurs, la Conférence épiscopale, au terme de son Assemblée plénière de 2018, a publié le 11 juillet l’exhortation « Ne crains pas : je suis avec toi ». Elle y dénonce l’aggravation de la crise, et accuse à nouveau le gouvernement d’être responsable de cette situation « qui devient de plus en plus grave. La majeure partie de la population n’a pas les moyens de faire face à l’hyperinflation ».

Georges Engel, prêtre du diocèse de Nancy, est fidei donum au Venezuela depuis 2003. Il exerce sa mission dans une paroisse de Caracas et il nous partage ce qui fait le quotidien de la population :

« Depuis les élections du 20 mai dernier la situation s’est considérablement dégradée. Ma paroisse actuelle située dans un quartier de classes moyennes, vit de plein fouet la crise comme les classes pauvres du pays.

En raison de la crise des transports privés et publics causée par l’impossibilité de se procurer des pièces de rechange, la majeure partie du parc automobile et autobus est immobilisée. Cela affecte également le métro, qui a vu ses voyageurs plus que doubler. Il est très dangereux de le prendre en raison de la violence et des vols dans des rames surchargées. À cela s’ajoute la difficulté de trouver de l’argent en numéraire pour payer son ticket de bus. La détérioration des vêtements et des chaussures et l’impossibilité d’en acheter de nouveaux ainsi que le coût vertigineux des détergents pour laver, et les nombreuses coupures de courants et d’eau (parfois pendant plusieurs jours) ainsi que le manque de produits pour l’hygiène personnelle font que le fait de se rendre au travail ou à l’université s’est converti pour beaucoup ici en un problème parfois insurmontable.

Dans ma paroisse, et avec l’aide de nombreux paroissiens et de l’Ambassade de France, nous confectionnons chaque semaine des plateaux repas que nous allons porter dans les différents sites où les gens fouillent pour trouver de quoi se nourrir. De même nous collectons des produits vitaminés, du lait maternisé et des couches pour les enfants atteints de cancer soignés dans un hôpital voisin.

Trouver de quoi se soigner est devenu la hantise de beaucoup. Un paroissien est venu solliciter hier mon aide pour trouver un médicament LETROZOL 2.5 mg pour son épouse atteint d’un cancer du sein, et qu’ils désespèrent de trouver. Deux jours avant un jeune était venu chercher le traitement de RESPERIDONE que j’ai réussi à lui ramener de France. J’ai en France un stock impressionnant de médicaments que l’on m’a donnés et que je ne peux ramener au Venezuela qu’au compte-goutte tant il est dangereux de passer la douane avec ces produits car le gouvernement refuse toujours d’accepter l’aide humanitaire internationale. »

Annie Josse – SNMUE
Juillet 2018

Exhortation des Evêques vénézuéliens

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