Le Venezuela au bord du gouffre !

Le Venezuela a vécu de la rente pétrolière durant des années. Avec la chute du cours du baril, la crise a fait son irruption dans le paysage du pays, et cela a correspondu à la mort du leader charismatique Chavez. La redistribution de la rente pétrolière avait permis des progrès sociaux importants. Ce n’était pas un vrai développement économique du pays, plutôt une culture de rente. Ce n’était pas non plus un régime politique vraiment démocratique, il s’agissait plutôt d’une culture politique clientéliste et populiste.

« Venezuela : là où vos rêves se réalisent »

Ce slogan publicitaire des dépliants touristiques semble bien éloigné de la situation actuelle au Venezuela, où même le rêve de manger chaque jour a du mal à s’accomplir pour une grande partie de la population.

Hugo Chavez et Nicolas Maduro

Hugo Chavez et Nicolas Maduro

Gouverné de 1999 à 2013 par le socialiste Hugo Chávez et actuellement par Nicolás Maduro[1], le Venezuela a longtemps bénéficié d’une économie fondée sur le pétrole (le pays dispose des plus importantes réserves mondiales) qui représentait 96% de ses exportations. Chávez a utilisé une bonne partie de ces ressources pour des programmes de santé, d’éducation et de logement, qui lui ont valu le soutien des classes populaires. Avec la chute des cours, l’économie vénézuélienne a sombré, atteignant une inflation de 720% selon une estimation du FMI pour 2016. Pénurie de nourriture, pénurie de médicaments, de papier, de devises, files d’attente devant les magasins de produits de première nécessité, hausse des prix, appel à l’aide internationale pour éviter la famine… explosion de violence, pillages, insécurité, font le quotidien de la population. « Nous allons plus mal que jamais. Les hôpitaux n’ont ni médicaments ni pansements. Dans les maisons, il n’y a rien à manger. Les camions sont continuellement pillés, parce que les gens ont faim et ne respectent plus rien », témoigne Mgr Villarroel, évêque du diocèse de Carúpano.

Le 1er septembre, l’opposition vénézuélienne est massivement descendue dans la rue à Caracas, pour demander la tenue d’un référendum en vue de la destitution du président Maduro et de l’organisation d’élections anticipées[2].

À la veille de cette mobilisation et des mesures d’intimidation prises par le gouvernement, la Conférence Épiscopale Vénézuélienne a publié une déclaration rappelant que l’organisation de manifestations est un droit constitutionnel, qui doit être respecté par l’État et « se dérouler dans un climat de paix, de cohésion sociale, de tolérance et de respect ». Elle appelle tous les citoyens à travailler pour la paix et insiste sur le rôle des laïcs pour « rendre possible la culture de la rencontre et du dialogue constructif et créer le climat pour la réconciliation de tous les hommes et femmes du Venezuela ».

Lire le texte en espagnol de la conférence Épiscopale Vénézuélienne : Comunicado presidencia

D’autre part, « l’Église catholique est disposée à contribuer à la résolution de la crise qui frappe le Venezuela », a indiqué le cardinal Parolin, secrétaire d’État, dans une lettre rendue publique le 15 septembre, en réponse à la demande du secrétaire général de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR), l’ancien président colombien Ernesto Samper.

 

Annie Josse
SNMUE – Échanges entre Églises

 

 

 

[1] Successeur désigné par Chavez et vainqueur d’élections contestées en 2013.
[2] Procédure autorisée par la Constitution vénézuélienne.
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