Les évêques d’Afrique de l’Ouest au Burkina

Du 13 au 20 mai 2019, les évêques de la Conférence Épiscopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest, (RECOWA-CERAO), étaient réunis à Ouagadougou, la capitale burkinabé, pour leur 3e Assemblée plénière. Cette Conférence Épiscopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest regroupe les évêques de la sous-région : Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée-Conakry, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Multilingue, elle rassemble des pays lusophones, anglophones et francophones.

« Une vie dans la fraternité ». Évêques d’Afrique de l’Ouest réunis au Burkina.

Les évêques d’Afrique de l’Ouest réunis au Burkina après les attentats.

« Une vie dans la fraternité »
les évêques d’Afrique de l’Ouest réunis au Burkina après les attentats

Ayant pour thème : la nouvelle évangélisation et le développement humain intégral dans l’Église famille de Dieu en Afrique de l’Ouest, la rencontre avait également pour objectif de se pencher sur les problèmes communs à ces pays, comme le terrorisme et la migration. Et le cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou, invitait toutes les religions présentes au Burkina Faso-Niger à s’unir pour vaincre l’extrémisme violent, à quelques jours de plusieurs attaques meurtrières dans ces deux pays contre les chrétiens.  Il affirmait devant l’assemblée : « Un seul doigt ne ramasse pas la farine. C’est ensemble et en synergie que nous allons vaincre… Le peuple va vaincre. Le Seigneur est là avec nous et nous allons vaincre ».

Au Burkina et au Niger, comme dans d’autres pays du Sahel, le terrorisme est actif, déclenchant des conflits intercommunautaires et interreligieux. Intervenant lors de cette rencontre, le secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, le Tanzanien Mgr Protase Rugambwa, déplorait « l’absence de paix et de sécurité, (…) le tribalisme, l’ethnocentrisme, le fondamentalisme religieux, le terrorisme et les violations des droits humains ». Selon certains observateurs, les attaques contre les chrétiens visent à orchestrer des tensions interethniques dans un but de déstabilisation du pays.

Des responsables religieux renforcent ces constats et appellent à la résistance par l’union : ainsi Mgr Rouamba, président de la conférence épiscopale Burkina-Niger lors des funérailles des victimes de l’attaque de Dablo[1] : « Cela fait des années et des années que nous travaillons ensemble. Musulmans, protestants, catholiques, ceux de religions traditionnelles, nous avons toujours marché main dans la main. Par conséquent, il ne faut pas que des actes aussi tragiques puissent venir nous séparer ». De même que des personnalités musulmanes, comme le maître coranique Cheick Abdoulaye Ouédraogo qui ajoute : « Avec ce qui arrive, la peur gagne tout le monde. On ne sait pas vers quoi ceux qui attaquent et les mosquées et les églises veulent pousser les fidèles de ces religions si ce n’est à se détester. Cela peut conduire à un conflit inter religieux comme dans d’autres pays ».

Face à cette situation et à ces risques, l’assemblée plénière des évêques de l’Afrique de l’Ouest a dénoncé dans une déclaration commune « ceux qui tuent au nom de Dieu » et a réaffirmé : « nous ne céderons jamais à leurs provocations et nous resterons fermes dans nos convictions à aller vers un dialogue interreligieux ». Une déclaration intitulée « Une vie dans la fraternité », dans laquelle les évêques de la région interpellent les jeunes candidats à l’immigration, leur rappelant que leur avenir est en Afrique et qu’ils ont le devoir de « la construire à travers le travail, la discipline et les valeurs issues de leurs cultures ». Ils y interpellent également les hommes politiques, leur demandant de renoncer aux intérêts individuels pour travailler en faveur du bien commun, en particulier au bonheur des jeunes, « avenir de l’Afrique ».

Une vie dans la fraternité (texte de la déclaration)

La Journée Afrique organisée le 24 juin par le SNMUE reviendra sur les phénomènes religieux et leur évolution en Afrique subsaharienne.

Annie Josse
Mai 2019

 

[1] Le dimanche 12 mai, à Dablo, village du centre nord du pays, des hommes armés ont fait irruption dans l’église pendant la messe dominicale, tuant six personnes dont le prêtre. Journal de la paroisse de Dablo
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