Sans Jésus, nous ne pouvons rien faire, Être missionnaire aujourd’hui dans le monde

Une interview du pape par le journaliste Gianni Valente sur le thème du disciple-missionnaire. Que signifie cette expression dont le pape a assuré la promotion ?
Pas de scoop dans cette nouvelle interview du pape. Un rappel des intuitions du pape. Mais dans un langage simple, imagé et vigoureux. Un condensé de l’engagement missionnaire du pape.

Petit rappel

• L’Église doit être en sortie sinon elle n’est pas l’Église. En sortie : quasi synonyme de missionnaire. Synonyme d’annoncer la Parole à toute la création…
• Négativement, ce que l’annonce de l’Évangile n’est pas: ce n’est pas un programme à réaliser, un effort de volonté (p 23), ce n’est pas projet de conquête, une prétention à convaincre d’autres, une publicité, une recherche de nouveaux prosélytes (p 30-31), un activisme volontariste (p 37), une opération dont on évalue l’efficacité, un projet d’entreprise, un spectacle organisé, une impatience et des angoisses devant les résultats (p 48), une colonisation idéologique (p 111), une activité planifiée (p 113), la volonté de contrôler la foi d’autrui…
• Les méthodes d’évangélisation: par le témoignage, par attraction, par l’attraction du Christ, par l’œuvre de l’Esprit (p 54), par la facilitation de la foi, par un contact humain (p 112) ; vivre avec les autres, les suivre pas à pas, les accompagner, cheminer à leur rythme (p 115) ; les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale (p 82), les occupations les plus ordinaires…
• Qui sont les évangélisateurs ? tous et non un petit groupe, les baptisés, et non de petits groupes particuliers et exclusivistes, les laïcs baptisés, et il ne faut pas ajouter d’adjectif à laïc (p 77-78), le peuple de Dieu même s’il n’est pas organisé par des élites cléricales (p 105) …
• Les dangers à éviter: le néocléricalisme et le néocolonialisme ecclésiastique (p 119), l’esprit de système, faire du tourisme spirituel déguisé en apostolat, l’argent et les médias sont des moyens et seulement des moyens et non les fins de l’animation missionnaire…

L’évangélisation consiste à annoncer le Christ et son Esprit. Le Christ nous précède, il est déjà là, l’évangélisateur ne « l’apporte pas ». L’Esprit de Dieu est surabondant, nous n’en témoignons que pour une petite part, comme on se désaltère à une source, même si nous ne prélevons qu’une petite part de l’eau qui coule là ! L’Esprit est arrivé avant l’évangélisateur et il l’attend !

Rien de révolutionnaire dans cet opuscule, rien de vraiment nouveau. Pourtant, ces « vérités anciennes » ne sont pas toujours mises en œuvre. Ils sont nombreux en France les groupes qui estiment qu’ils ont une sorte de privilège ou de compétence exclusive pour la nouvelle évangélisation dont la société actuelle a besoin. Ils sont nombreux ceux qui estiment qu’il faut une formation spéciale pour évangéliser et qui font confiance, moins au peuple de Dieu qu’à leurs propres méthodes, « nouvelles » et exclusives ! Avec parcours de formation, congrès, école et diplômes à la clé !

On dira : rien de nouveau dans ce petit livre. Oui, mais c’est un excellent rappel de ce qu’est l’annonce de l’Évangile, la tâche du disciple-missionnaire ! Est-ce bien réalisé ? Pour répondre en France franchement oui à cette question, il faudrait accorder de l’importance à la vie du peuple de Dieu… et pas seulement à ses prêtres et futurs prêtres. Il faudrait considérer le rôle actif des baptisés comme un atout pour relever les défis de cette Église de France.

Antoine Sondag
Janvier 2020

Pape François, "Sans Jésus, nous ne pouvons rien faire, Être missionnaire aujourd’hui dans le monde", Bayard, 2020, 128 p, 12,90 €