Message du pape pour la Journée mondiale de la paix

Le pape publie un message pour le 1 janvier, journée mondiale de la paix. 2017 marque le 50e anniversaire de cette journée mondiale de la paix. Ces indications sont suffisantes pour nous faire deviner que cette journée, ce message, cette tradition sont enracinés dans le renouveau apporté à l’Eglise catholique par le Concile Vatican II, et dans ce cas précis, aussi par…

… l’encyclique novatrice Pacem in Terris (1963) du pape Jean XXIII. Les messages pour la paix du 1 janvier, et nous disposons maintenant de 50 exemplaires, mis bout à bout constituent une véritable encyclopédie de la paix selon l’Eglise catholique, avec ses fondements anthropologiques, bibliques, théologiques, et aussi avec ses déclinaisons pratiques : comment promouvoir la paix, la paix dans l’éducation, la paix pour divers groupes humains, etc…

L’édition 2017 de ce message porte le titre : la non-violence, style d’une politique pour la paix. Ce message reprend beaucoup d’éléments déjà développés dans les messages précédents, ainsi qu’il est d’usage pour les documents publiés par le Vatican.

J’insisterai ici sur quelques points qui me paraissent plus importants ou plus nouveaux dans ce document.

Le pape au Mont Ararat

Le pape au Mont Ararat

1- Le thème et le titre tout d’abord : la non-violence.  Les mots pour désigner cette non-violence sont nombreux : non-violence active, comme style de vie, comme style d’une politique de paix, stratégies non-violentes de promotion de la paix, non-violence active et créatrice…
La pluralité du vocabulaire indique que cette non-violence parfois décriée est ici valorisée, et on lui attribue des adjectifs nombreux, positifs qui en précisent le sens et la portée.

2- La non-violence est active. Cela va contre un préjugé fort répandu : la non-violence serait passive, avec un côté capitulation, désengagement, passivité… cette critique est explicitement rejetée (voir le & 4). Les adjectifs de la non-violence active, créatrice, etc… indiquent que loin d’être passive, la non-violence exige l’engagement de toute la personnalité.

3- La non-violence est efficace. Cela va contre un préjugé fort répandu : la non-violence serait respectable, prophétique peut-être, mais peu opérationnelle, elle manquerait d’efficacité ou de résultat. Le pape cite Gandhi, Khan Abdul Ghaffar Khan, Leymah Gbowee, Martin Luther King, Mère Teresa … et Jésus. Cela a donné « des résultats impressionnants ». Le pape François reprend l’analyse de Jean-Paul II dans Centesimus Annus pour expliquer que cette non-violence a contribué à la chute des régimes communistes en Europe.

4- La non-violence peut et doit inspirer la politique, les politiques publiques des Etats et des institutions internationales. Cela va contre un autre préjugé assez classique : la non-violence serait respectable comme une éthique individuelle, un engagement d’individus hors normes, mais ne serait pas opérationnelle comme mode de vie d’une société ou comme politique publique. Le pape dit que c’est tout le contraire. Déjà le titre du message « La non-violence, style d’une politique pour la paix » indique que cette attitude de non-violence doit et peut inspirer une politique (voir & 1 vers la fin) et pas seulement un style de vie personnel (& 1) : la non-violence doit devenir le style caractéristique … de la politique sous toutes ses formes (fin du & 1).

5- La non-violence n’est pas optionnelle, elle fait partie du cœur du message et de « style » chrétien. La non-violence n’est pas le choix de certains, elle n’est pas matière à option pour chrétiens attirés par un mode de vie plus radical que d’autres ou plus prophétique. La non-violence selon le pape François est en quelque sorte obligatoire, elle fait partie de l’identité chrétienne catholique : « Etre aujourd’hui de vrais disciples de Jésus signifie adhérer à la proposition de non-violence » (& 3). Pour justifier cette assertion, le pape François s’appuie sur le pape Benoit XVI qu’il cite longuement.

Comment ce texte sera-t-il reçu en France ? 

Le 1 janvier, la plupart des Français ont la tête assez vide, ils ne sont pas assez attentifs pour lire un texte du pape ! Il est à craindre que ce message, comme ceux qui l’ont précédé, ne soulève pas trop d’attention. Les Français vont-ils retenir ce qui s’applique particulièrement à eux ? Ne pas mettre leur confiance et leur sécurité dans les armes, la dissuasion nucléaire, mais dans les méthodes de non-violence active !

Sur ces questions, la Conférence des Évêques de France s’était prononcée il y a fort longtemps, dans un contexte international bien différent d’aujourd’hui, par un texte approuvé par l’Assemblée plénière de l’Épiscopat : Gagner la paix (1983). Les évêques de France demandaient que l’on poursuive les recherches sur les méthodes de non-violence active. Il faut bien dire que l’on n’a pas fait grand-chose durant ces trente années. On n’a pas même révisé le texte de 1983 pour savoir s’il est toujours valide.

Avec la multiplication des conflits de basse intensité, les méthodes de résolution des conflits sont plus que jamais nécessaires et opportunes. Il reste à développer des méthodes, des formations, à préparer des personnes pour intervenir dans des situations de conflits ou de tension. Vaste chantier qui est principalement devant nous !

 Antoine Sondag
Décembre 2016

Message du pape pour la Journée mondiale de la paix