Visite à l’Eglise du Bénin

De nombreux prêtres originaires d’un des pays d’Afrique sub-saharienne vivent en France pour une mission pastorale (prêtres fidei donum). En plus des prêtres étudiants que l’on connait bien…
Pour mieux connaitre ces prêtres, mieux comprendre leurs actions et réactions, il peut être opportun (et agréable) de rendre visite à leur Église d’origine. Lorsque les prêtres venant d’autres pays qui travaillent dans un diocèse français sont en majorité originaires d’un même pays africain, une telle visite est facilitée. Comment appeler ce déplacement ? voyage d’étude, vacances, visite, pèlerinage, visitation d’Églises ? il y a un peu de tout dans un tel projet. On trouvera ci-dessous l’annonce d’un tel déplacement de chrétiens du diocèse de Bayeux-Lisieux, diocèse où travaillent de nombreux prêtres venus du Bénin.

On trouvera un compte-rendu de ce pèlerinage sous la plume de Guy et Danièle Poulain. Récit de cette mission d’un type un peu particulier par deux participants. Puis en-dessous l’annonce etc….. On pourra lire le récit de ce pèlerinage vu du côté africain sous la plume d’un journaliste qui a publié un article dans La Croix du Bénin.

Antoine Sondag

Pèlerinage au Bénin

L’Église du Calvados rend visite à l’Église du Bénin

Dans le diocèse de Bayeux et Lisieux, une douzaine de prêtres africains sont en mission pastorale, et parmi eux six sont Béninois. Une idée a germé : si on allait à la rencontre de ces Églises africaines qui nous envoient des prêtres…
A l’initiative du directeur des pèlerinages et de deux prêtres Béninois actifs dans le diocèse, cinquante-sept personnes venant de différentes paroisses du diocèse ont accompagné leur Évêque Mgr Boulanger pour découvrir et rencontrer cinq diocèses du sud Bénin. L’accueil se fera dans les familles et dans le réseau d’amis des prêtres Béninois du Calvados.

Nous avons rencontré : les diocèses, Évêques, Laïcs, écoles catholiques, paroisses (prêtres ayant exercés chez nous), sanctuaires, orphelinats, Grands séminaires et même la maire de Ouidah sur le tourisme de mémoire ( esclavage).
Une soirée, nous avons eu Emma Mongbo de Sindo partenaire du CCFD travaillant à la scolarisation des filles et à la promotion des femmes, Emma avec son dynamisme militant, nous a expliqué comment avec ses collègues, elle tisse une toile d’araignée pour faire évoluer les mentalités et permettre la promotion du milieu féminin…. Partout nous avons eu un accueil très chaleureux avec danses et chants …. La surprise : des églises pleines, avec des fidèles joyeux, accueillants, heureux de nous voir chez eux.

Plusieurs paroisses nous ont présenté leurs organisations, leurs équipes de laïcs actifs. Dans un diocèse, nous avons discuté avec le conseil pastoral de l’Évêque, les laïcs nous ont fait part de leurs priorités : la famille avec les équipes Notre Dame, la chasse à la corruption des Élites avec le MCCP mouvement des cadres chrétiens, (création d’une section politique). Vie montante internationale existe mais en groupe de prières avec des personnes très âgées.
Les Béninois accordent une grande importance à la spiritualité et aux diverses religions : un tiers de catholiques, un tiers de musulmans, l’autre tiers : des animistes, des évangélistes, etc…

Le Bénin a une population jeune, 65 % de la population a moins de 25 ans, ces jeunes sont des adeptes de la moto pour des commerces en tous genres (motos taxi, transport de marchandises diverses).
Nous découvrons des disparités importantes avec des élites souvent formées par les écoles catholiques, ils ont un niveau de vie élevé comparé à la population locale. Certains ont quitté le pays pour gagner de l’argent et profiter des technologies : en Europe, au Canada, en Inde, en Chine etc…..). Le reste de la population subsiste dans des conditions plus que précaires !
L’Église catholique est active par ses écoles privées, orphelinats, dispensaires et entre autres, une ferme expérimentale (Songhaï) digne de l’INRA ….avec développement intégral, culture maraichère, fruits, techniques d’élevage, recyclage, méthanisation ….le centre est ouvert à tous et spécialement aux écoles ….

A l’occasion d’une panne de bus en pleine campagne, nous avons vu un village de 800 familles vivant autour de la culture maraichère et des fruits, vendant leurs surplus en bord de route , dans ce village, trois lieux de cultes  église catholique , évangéliste , mosquée et un seul cimetière (là , on est réconciliés) l’école est publique. L’Eglise est très présente dans les structures de la société, elle est en pleine extension, on nous a cité un diocèse où en quelques années, on est passé de 35 paroisses à 85 … Les Béninois sont très religieux, tradition, conviction ! La culture du vaudou tient une grande place dans les coutumes même en ville.
L’Église catholique par son influence réussira-t-elle à ce que ses leaders prennent d’avantage en charge leur lieu de vie, permettent la diminution des disparités, évitent la corruption à tous niveaux, économique, politique… voilà l’un des soucis des évêques.

Notre famille d’accueil dans le centre-ville de Cotonou était une famille de catholiques pratiquants soutenant l’école privée. Le papa de 50 ans est un entrepreneur-commerçant dans le transit portuaire de Cotonou, il travaille aussi à l’international, la maman de 46 ans est mère au foyer. Ils ont trois enfants, deux filles font des études en France. Ils sont originaires de villages du centre Bénin, les études leur ont permis de sortir du rang. Madame accueille à la maison des jeunes filles « en éducation » en échanges d’un travail ménager, elles apprennent un métier : une prépare le Bac, l’autre est coiffeuse, la troisième couturière. Les grands-pères étaient polygames, notre hôtesse est très marquée par ses antécédents, même si la polygamie est aujourd’hui interdite. Elle se pose beaucoup de questions sur les familles modestes ayant 10 enfants et plus.

Ces dix jours d’immersion nous ont permis de mieux comprendre ce peuple attachant avec ses défis : mondialisation de l’information, disparités culturelles et sociales, jeunesse importante en ville ! L’économie est basée sur des productions : maraichage, fruits, coton, bois, peu transformées et du commerce en tout genre non organisé, notamment avec le Nigéria, avec une économie très libérale. Tout le monde fait du commerce, les productions locales pourraient être protégées et encouragées, transformées …Il y a des possibilités … Quel est le rôle de l’État ?

Ce peuple est parfaitement capable de faire avancer son pays. Beaucoup de jeunes sont très doués. Il suffit d’une volonté politique à tous les niveaux. Ce n’est qu’un regard de quelques jours, certainement partial et partiel…

Guy et Danièle Poulain (Lisieux)
aussi responsables diocésains du Mouvement Chrétien des Retraités et actifs au CCFD

Sur l’expérience de Songhaï à laquelle il est fait allusion dans ce texte, et qui a été visitée par le groupe de pèlerins, on pourra lire le livre témoignage écrit par le fondateur : Godfray Nzamujo o.p., Songhaï, L'Afrique maintenant !, Edition du Cerf, 208 p., 2016, 14 €

Bénin

Annonce de la visite à l’Église du Bénin

Pour la première fois, une soixantaine de chrétiens du diocèse se rendent en pèlerinage au Bénin du 2 au 12 février 2018. L’occasion de rendre visite à l’Église qui nous envoie des prêtres, de faire des découvertes et de mieux se connaître.

Le diocèse de Bayeux et Lisieux compte actuellement six prêtres originaires du Bénin en mission dans diverses paroisses, certains depuis de nombreuses années. Partant de ce constat, Benoît Roussier, directeur du service diocésain des pèlerinages, a eu l’idée de proposer un pèlerinage qui a vite affiché complet. Il faut dire que Benoît Roussier connaissait déjà le Bénin et qu’il y avait fort à parier qu’une telle proposition ne pouvait qu’être enrichissante pour tous les participants, y compris pour notre évêque qui s’y rend lui aussi pour la première fois.

Se rencontrer

La première motivation des organisateurs de ce pèlerinage est bien la rencontre entre deux Églises, deux cultures : « Il est important que nous puissions voir ce qui nous différencie mais surtout ce qui nous rassemble, afin de mieux nous connaître, de mieux nous accepter et de mieux travailler ensemble » affirme Benoît Roussier. Pour ce faire, les pèlerins seront principalement hébergés dans des familles.

Pour le Père Albert Hounkpé, originaire de Lokossa, curé de la paroisse St-Martin des Marais (Troarn) depuis septembre 2017 mais présent dans le Calvados depuis plus de douze ans, ce pèlerinage représente beaucoup : « Le Bénin a été, entre autres, évangélisé par des prêtres français de la Société des missions africaines de Lyon. C’est un témoignage pour l’Église du Bénin d’envoyer des prêtres en France en retour de l’évangélisation que le pays a connu. C’est un aussi un témoignage pour les Français d’aller voir et reconnaître le travail qui a été effectué par les missionnaires. Au-delà de l’Histoire, c’est aussi un moyen de faire découvrir notamment à mes anciens paroissiens de Bayeux diverses réalités de l’Église au Bénin. C’est une Église jeune, vivante, avec beaucoup de jeunes prêtres et des assemblées très fournies. C’est l’occasion de montrer comment nous vivons notre foi au Bénin et peut-être de s’inspirer de certaines choses ».

Toutefois, ce pèlerinage s’accompagne aussi d’une démarche de solidarité. En effet, les pèlerins vont faire don d’une dizaine tables de cuisson solaires inventées par Xavier Devos, un habitant d’Epron (au nord de Caen) et fabriquées au Burkina-Faso. « C’était important pour moi de ne pas arriver les mains vides » explique Benoît Roussier.

Bien sûr, cette « visite » à une autre Église demande plus de travail qu’un pèlerinage habituel car les organisateurs ont tout préparé par eux-mêmes, sauf la réservation du voyage en avion. Il faudra donc faire aussi avec les imprévus et vivre au rythme de la vie locale. Qu’importe si le programme n’est pas respecté à la lettre, ce qui compte, c’est la découverte de l’autre. Il est certain qu’au retour, les pèlerins auront beaucoup de choses à nous dire.

Alexandre Barbé
Suivez les pèlerins au jour le jour sur leur blog 
Article paru dans Église de Bayeux et Lisieux n°360, février 2018