La mission … Souvenirs d’automne !

Alfonso Bartolotta, Oblat de Marie Immaculée depuis 1986, a travaillé en tant que missionnaire dans différents pays : l’Italie, le Cameroun, le Sénégal, puis la France. A l’occasion du 26ème anniversaire de son ordination sacerdotale, il nous fait partager ses souvenirs automnaux …

La mission ... Souvenirs d'automne !

Le temps vole et nous échappe, le soleil joue à cache-cache, les nuages – comme lors d’un défilé – présentent leurs différentes formes automnales. L’équinoxe de septembre balaye la chaude saison estivale et, pour ne pas nous laisser orphelins, lui fait succéder l’automne nostalgique. Temps pour admirer et contempler les douces couleurs dorées de la beauté majestueuse de la création et de la nature. Les souvenirs des saisons de notre vie alors ressurgissent…

Octobre 1989 : il y a 30 ans, mon premier vol en avion, Paris-Garoua (Cameroun). Premier avant-goût de la mission, pour une période de deux ans parmi le peuple Mafa.
Octobre 1993 : il y a 26 ans, mon ordination sacerdotale dans la congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, à Santa Caterina Villarmosa (CL).
Octobre 1994 : il y a 25 ans, deuxième vol long-courrier : Rome-Dakar (Sénégal). Six ans de vie missionnaire parmi le peuple Seereer.
Octobre 2003 : il y a 16 ans – après trois ans passés à Lourdes (France) – troisième vol long-courrier : Milan-Dakar (Sénégal). Trois autres années de vie, mais en Casamance, parmi les peuples Balante et Mancagne.
Octobre 2006 : il y a 13 ans, présence et séjour avec le monde international des jeunes, tout d’abord à Lyon, puis à Paris et actuellement à Nice.
Octobre 2019 : Mois Missionnaire Extraordinaire. « Baptisés et envoyés : l’Église du Christ en mission dans le monde ».

« Baptisés et envoyés », et vice versa, envoyés en tant que baptisés, membres constitutifs et actifs de l’Église. Le verbe « envoyer » indique un mouvement, un déplacement, aller parce que envoyés, se mettre en route… En d’autres termes, il faut sortir pour entrer en profondeur – que voilà un paradoxe – et pourtant ce voyage introspectif est un travail fondamental.

« En mission dans le monde ». Je me demande toujours : « dans quel monde ? ». Souvent nous entendons ou nous utilisons l’expression : telle personne s’est fermée, repliée sur son petit monde, elle vit en dehors du monde, elle est toujours seule dans son monde, je ne comprends pas dans quel monde elle vit, etc… Lequel d’entre nous, n’a pas ou ne désire pas parfois, avoir « son » monde personnel, individuel ou idéal et, en même temps, réel et irréel… ?

C’est peut-être de là qu’il nous faut commencer. Entreprendre la mission dans mon monde personnel, « en moi », dans ma façon de penser, de voir et de considérer les autres dans leur spécificité et leur unicité, dans leur diversité et leur différence, tout en sachant partager la richesse de mon identité et en essayant de découvrir celle des autres que je rencontre sur le chemin de la vie.

Je commence la troisième année dans la maison « Toit pour Toi » à Nice – au cœur de la ville touristique de la célèbre Côte d’Azur – pour l’accueil de jeunes en difficulté et de jeunes migrants (18-30 ans). Plus besoin de l’avion pour aller ailleurs, il suffit de monter et descendre les quatre étages pour accueillir ceux qui nous arrivent, de toutes les parties du monde. Voici quelques statistiques, de janvier 2017 à septembre 2019 : 63 jeunes accueillis et résidents pendant une période maximale de six mois (42 jeunes-hommes et 21 jeunes-femmes), originaires de 21 pays : Afghanistan, Bangladesh, Cameroun, Cap Vert, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Espagne, France, Géorgie, Guinée Conakry, Inde, Iran, Mali, Maroc, Nigeria, Portugal, Russie, Sierra Leone, Soudan, Syrie, Tunisie.

 En mission dans le monde

Auparavant, on parlait de « globalisation », de « mondialisation », aujourd’hui on est passé à une phase supérieure : « La souveraineté à l’ère de la post-mondialisation ». Le concept de « modernité ou société liquide », introduit par le célèbre sociologue Zygmunt Bauman, a envahi le monde intellectuel non seulement dans le domaine sociologique, mais aussi anthropologique, ecclésiastique, missiologique… On parle, on écrit et on publie sur ce thème et sur la problématique de « l’identité liquide, église liquide, mission liquide », et qui sait quoi d’autre encore… !

« Verbum Caro Factum Est ». La Parole s’est faite chair. La divinité de Dieu a voulu rencontrer l’humanité, par son Fils, Jésus et « il a habité parmi nous ». L’importance de ce Caro, du geste d’Amour de Dieu qui « s’est Incarné et s’est fait Homme ».

Octobre 2019 : la proposition d’un Mois Missionnaire Extraordinaire par-avec-et-en Église universelle pour redécouvrir la proximité du Christ avec l’humanité de tous les temps, la capacité de savoir vivre ensemble, sans distinctions ni préjugés. Il s’agit de retrouver le sens véritable et profond, l’essence de certains termes qui commencent par la lettre « C ». Il nous faut avoir-être-mettre plus de Cœur, de Charité, de Compassion, de Communion, de Crédibilité, de Compréhension, de Collaboration, de Concrétisation, de Conscience, de Cohérence – et aussi de Chaleur et de Couleur – car chaque personne humaine est bien concrète et non « liquide », elle est bien réelle et non virtuelle. Oui, tout comme chacun de nous : une créature visible et tangible, un être humain, très concret et bien réel.

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Quant aux souvenirs d’automne, chacune des quatre saisons – même si l’on dit qu’il n’y a plus de saisons comme autrefois – a sa particularité et sa beauté, son charme particulier et sa splendeur. Idem, pour chaque saison de notre vie et de notre existence, et pour chaque être humain. Et après octobre 2019… ? Vivons l’ordinaire, de façon extraordinaire ! Bonne mission à tous ! Toujours.

p. Alfonso Bartolotta omi
Nice, le 9 octobre 2019