La fin programmée des religieuses

La religieuse est une pâtisserie à base de pâte à choux et de crème pâtissière…

La fin programmée des religieuses. Religieuses_au_chocolat

Religieuses au chocolat

Wikipedia et nos souvenirs d’enfance nous rappellent que la religieuse est une pâtisserie à base de pâte à choux et de crème pâtissière. Elle a été inventée vers 1856 chez Frascati, célèbre café parisien tenu par un glacier napolitain. La recette est la même que pour l’éclair hormis la présentation. La religieuse est composée de deux choux posés l’un sur l’autre, dont le chou supérieur, qui est censé représenter la tête, est deux fois plus petit. La religieuse est ainsi nommée, car la couleur des choux faisait penser à la robe des religieuses des couvents. Les choux sont recouverts de fondant du même parfum que la crème pâtissière, et une crème au beurre permet de tenir la tête.

Le constat est évident : la bonne et gourmande religieuse au café ou au chocolat a quasiment disparu des pâtisseries françaises, au profit de l’éclair. Le drame, c’est justement cette recette de base identique. Le temps étant de l’argent, les artistes-pâtissiers français optent et misent sur le gain : l’éclair est plus rapide à confectionner et pour notre religieuse, la messe est dite. Si vous êtes fan de ces braves religieuses, je vous invite à en profiter, car la demande est si faible que bientôt, il n’y en aura plus.

Toutefois, la boulangerie-pâtisserie « Au bout du monde », 44 rue de Babylone dans le 7e arrondissement de Paris, continue d’en proposer à la vente.

Bonne dégustation !

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Religieuse infirmière

 

Qu’en est-il des religieuses aujourd’hui en France ? Elles étaient près de 50 000 en l’an 2000. Aujourd’hui, elles sont 20 584 religieuses apostoliques, dont 2 411 religieuses étrangères en France. La moitié de ces 20 000 religieuses sont âgées de plus de 75 ans ou se trouvent en maisons de retraite. La religieuse est une figure sociale qui a quasiment disparu du paysage social français.

Nos souvenirs d’enfance nous rappellent que ces religieuses à cornettes parcouraient les rues de nos quartiers ou de nos villages, avec leur boite médicale. Elles entraient partout, connaissaient tout le monde, piquaient toutes les fesses. Sont-ce nos souvenirs d’enfance ou le souvenir des films de Louis de Funès vus et revus à la télévision ?

Ces religieuses offraient un visage féminin de l’Église, un visage de compassion, un visage de service. Déjà à l’époque, les Français allaient peu à la messe. Le contact avec l’Église, c’était souvent, le contact avec une religieuse. Une religieuse qui entrait dans le foyer du Français. Pour lui offrir un service (infirmière à domicile).

Aujourd’hui, le visage de l’Église, c’est un prêtre. A tort ou à raison, le prêtre incarne une Église qui dit ce qu’il faut croire et ce qu’il faut faire. Visage un peu dogmatique de l’Église, visage un peu moralisateur. Un visage masculin.

Avec la fin programmée des religieuses, nous avons perdu ce visage non autoritaire, non dogmatique, ce visage de service de l’Église. Un visage féminin.

La Conférence des Évêques de France consacre un temps considérable à la crise des vocations sacerdotales. En général une journée lors de l’assemblée des évêques à Lourdes. Il serait bien plus opportun de consacrer du temps à la fin programmée des religieuses, qui entraine une modification de l’image de l’Église de France : du féminin au masculin, du service à l’autorité morale ou dogmatique, de la proximité d’une Église qui vient chez chacun à une Église peut-être prestigieuse (Notre-Dame) mais lointaine.

 

Antoine Sondag,
mai 2019

Sur les religieuses, on trouvera toutes les informations utiles sur le site internet de la CORREF

 

L’auteur de l’article ci-dessus était sans doute d’une humeur ironique ou provocatrice en écrivant son article sur « la fin programmée des religieuses » (il s’agissait de la pâtisserie). Cet article a suscité quelques commentaires que l’on reproduit ici.

« Un article qui allie la délicieuse pâtisserie et la fin programmée des religieuses… quelle idée ? comment cherches-tu à enrober tout cela ??? Il y a de moins en moins de religieuses, certes, et cela va continuer vu la moyenne d’âge, mais je pense que la qualité est encore là ! Ne regarde pas l’arbre qui cache la forêt.
La vie religieuse est un trésor dans l’Église. C’est un don de l’Esprit et non une œuvre des clercs et de sa hiérarchie, c’est pourquoi elle continuera de vivre quoi qu’on en dise. L’Esprit suscite toujours des énergies nouvelles » (Sr Marie-Odile Bizot, chargée des vocations au sein du Service de l’évangélisation des jeunes et des vocations à la CEF).

« Je suis assez d’accord avec tes idées avancées même s’il faut aussi nuancer les choses… Ce que tu décris sur la figure de la religieuse reste encore vraie dans certaines contrées d’Afrique même si la figure du prêtre reste « dominante », « triomphante » parfois… Souvent, la journée de prière des vocations ne met en avant que les vocations sacerdotales, mais je pense que ça dépend beaucoup des curés. Et puis, il faut dire aussi que les congrégations avec les aggiornamentos ont choisi d’être plutôt « levain dans la pâte », et que peut-être le fait d’avoir quitté les « grosses institutions » pour se fondre dans la masse des populations doit aussi jouer. En tous cas, je vois par exemple qu’au Sénégal, les congrégations qui sont encore nombreuses dans les écoles ou qui ont de gros dispensaires sont celles qui recrutent encore… mais c’est une observation très subjective de ma part. Il faut aussi dire qu’il y a aussi un regard réducteur parfois du clergé, impression que les gens sont partagées ou tiraillés entre cette image ancienne des religieuses à « tout faire » et celle qu’ils voudraient un peu plus moderne, plus intellectuelle de religieuses qui pourraient remplacer les « curés » suivant les besoins…. mais voilà. Ce n’est pas tranché! » Sr Nelkem, tchadienne, en mission en France actuellement.

Et finalement deux remarques : « ce n’est pas du meilleur goût », et « c’est provocant, comme toujours, et moi, cela m’amuse » (deux lectrices, aucune n’est religieuse).

Sr Colette Bence a décidé d’envoyer un article sur les religieuses étrangères venues en mission en France, c’est sans doute sa manière à elle de répondre à l’article controversé !

Bonne lecture !

Antoine Sondag